Comme prévu nous revenons à Masaya où nous avons laissé des effets
personnels. C'est le propriétaire de l'hôtel "California" qui vient nous
chercher à Rivas. L'hôtel n'a rien de terrible et nous avons la seule
chambre avec salle de bain dont une fenêtre donne sur le patio éclairé.
Mais c'est très pratique car le propriétaire parle français. Il est
sympa et de bons conseils. Nous aimons bien la ville de Massaya. Elle est
très vivante et authentique ; les formations aux échecs sur la place centrale rassemblent plein de jeunes. Nous arrivons un jour de"Black friday"
jour de soldes d'inspiration américaine. Les sonos sont à fond et les
magasins font le plein. Il y a des cadeaux à gagner. Le soir nous allons
dans le parc central. Il y a un monde fou. C'est la fête foraine avec
grande roue et carrousel de chevaux de bois réservé aux enfants, poussé à
la main par un homme. Allant de pair avec la fête foraine les "pommes
d'amour" au sucre rouge. Que de souvenirs d'enfance pour JC et moi. Nous
mangeons dans un des kiosques du square. Pour boire il n'y a que du
soda ou du coca. Nous voulons une bière. Qu'à cela ne tienne, le jeune
serveur, moyennant petite rétribution nous trouve une canette de bière.
Sur le chemin du retour vers l'hôtel nous passons devant la salle de
"patronage " où des couples exécutent des danses folkloriques qui nous
semblent d'inspiration très espagnole. Nous sommes invités à nous assoir
et à boire un jus de fruit. C'est quand même très agréable cet accueil
chaleureux que l'on trouve chez les nicaraguayens.
A Masaya comme partout au Nicaragua se prépare la fête de la vierge. Les
églises sont décorées en bleu et blanc. La fête sera à son comble le 6
et le 7 décembre. Ce jour là, la tradition veut que les enfants passent
de maison en maison pour récupérer des sucreries. Cette tradition est aussi particulièrement active à Léon.
Notre samedi est consacré à quelques emplettes. Un hamac en
coton, spécialité de Masaya. Il faut voir avec quelle dextérité les fils
sont tressés et assemblés. Il faut deux jours pour faire un hamac double
qui sera vendu une trentaine de dollars. Le marché artisanal de Massaya
regorge d'objets en tissus colorés comme l'on en trouve partout en
Amérique latine, d'objets en bois, en céramique et en cuir. Ces derniers
sont fabriqués à Granada où se trouve encore une tannerie. Il y a du
café, des cigares aux noms cubains, (ça fait vendre) qui sont très bon, du chocolat. Nous
faisons la pause repas de midi au marché artisanal où nous mangeons la
spécialité locale, le boho accompagné d'une boisson tout aussi locale,
une sorte de cacao à l'eau froide. Je profite de la fin d'après-midi
pour m'offrir une séance pédicure dans un "salon de beauté". Il y un
monde fou. Les jeunes femmes sont très coquettes.
Dernier repas au parc central et dernier jus de fruit...une merveille!
Bye bye Masaya et le Nicaragua..'Nous essayerons de revenir car il y a encore beaucoup de choses à voir..
ou comment une petite balade se transforme en un mauvais
parcours.
C'est parti pour être une journée cool avec une simple balade. Et puis
voilà, JC glisse, tombe et ne parvient pas amortir. Il se réceptionne
sur l'épaule droite dont la clavicule saute. A partir de là, c'est le
début du parcours médical. Première étape la "casa de salud" de
Moyogalpa, un centre de soins du ministère de la santé. Le médecin qui y
exerce est aussi le médecin du village. Une chance, il est orthopédiste.
L'équipement de la clinique est rudimentaire et l'hygiène tout autant. Le médecin fait avec ce qu'il a ....pas grand chose. Mais
on voit bien qu'il a l'habitude. Pas d'appareil radiographique...tout à
la palpation. Le diagnostic est vite établi. Le médecin tente de
remettre la clavicule dans son logement, mais ça ne tient pas. Il faut
bander fermement. Évidemment toutes les manipulations se font "à froid",
sans calmant. Une petite description du médecin s'impose. Il est de type
3/4 de rugby. Alors quand il appuie sur la clavicule et remonte le
bras...ça ne rigole pas et je vois JC couler des gouttes et blanchir. Et
pourtant il est dur à la douleur. Après plusieurs couches successives
JC se retrouve transformé en momie . La fin de la journée et la nuit
sont difficiles.
Le lendemain nous prenons la lancha de 9h pour traverser car nous sommes
toujours sur l'île d'Ometepe. Nous devons nous rendre à l'hôpital de
Rivas pour faire faire une radiographie. Là aussi c'est un peu la misère
même si l'appareil radio, oh surprise! est neuf. Un seul cliché suffit à
montrer que malgré le bandage la clavicule est toujours démise. Comme
la veille à Moyogalpa nous ne payons rien car dans les centres médicaux
du ministère de la santé tout est gratuit. Nous insistons pourtant pour
payer. Nous rentrons sur l'île. Les eaux du lac sont démontées et la
lancha bouge et couine......j'avoue que j'ai la trouille. Avant de
partir un agent du port note les noms, les âges et les nationalités des
passagers en cas de naufrage ils peuvent faire des statistiques!
Étape suivante retourner voir le médecin. Il nous inspire confiance. Il
est simple et efficace. Cette fois nous allons à son cabinet. Il est en
visite et nous l'attendons sur la terrasse de sa maison avec ses enfants
et sa mère. Plutôt sympa comme salle d'attente. Par contre le cabinet
est "rustique". Un petit coup d'œil sur la radio est suffisant pour ce
rendre compte que le bandage de JC n'est pas efficace. Le médecin décide
donc de recommencer. Je vais lui servir d'assistante. Pendant que d'une
main je tiens le coude et le bras fermement en bonne position il appuie
sur l'extrémité de la clavicule pour la faire rentrer. JC est à la
limite de l'évanouissement. Pour maintenir tout ça le médecin a prévu
des bandes de plâtre léger. Voilà donc la deuxième momification qui se
termine. Faut-il préciser que tout cela se fait encore sans aucun
calmant. Pour ce qui est du traitement antidouleurs nous nous
débrouillons avec le contenu de notre trousse à médicaments personnelle.
La communication n'est pas facile. Nous ne parlons pas espagnol et lui
ne parle pas français, mais pas anglais non plus. Il fait un courrier
pour les médecins français dans lequel il explique sa crainte de la
nécessité d'une opération. C'est comme ça que nous nous retrouvons dans
un processus de retour anticipé et de rapatriement décidé par le médecin
de l'assurance. Nous avons un jour pour nous rapprocher de Managua.