Ce matin encore la déprime. Il est tombé des trombes d'eau pendant la 
nuit et ça continue. Mon est une bourgade moche. Sous la pluie c'est 
encore pire. De plus il n' y a pas d'électricité pour deux 
semaines donc pas de pompe pour amener l'eau aux tuyaux et donc pas 
d'eau chaude. Il ne fait pas froid mais pas chaud non plus.
Dans la région de Mon on trouve le clan Konyak de l'ethnie Naga. Ils 
sont réputés comme étant farouches. Ce qui est sûr c'est qu'ils ne sont 
pas particulièrement souriants et accueillants et les enfants sont 
particulièrement agités, désagréables et agressifs même. Chez les 
Konyak, les anciens ont le visage tatoué et même le torse avec un 
tatouage en forme de V.  On les appelait les chasseurs de têtes car ils 
coupaient la tête de leurs adversaires qu'ils gardaient en trophées. 
Cette pratique a été interdite par le gouvernement en 1953. Mais ce sont
 surtout les prêches des pasteurs qui sont essentiels dans la fin de ces
 pratiques. Les Konyak sont majoritairement chrétiens et la taille des 
églises en témoigne. Ils obéissent au système des Angh, qui sont les 
chefs héréditaires, les rois, ce qui leur a permis de conserver leurs 
traditions et leurs coutumes.
D'après le guide, pour maîtriser ces farouches  guerriers les anglais ont introduit le pavot et l'opium et cela dure....
A plusieurs reprises ils ont tenté d'obtenir leur indépendance et rien 
n'est réellement réglé de part et d'autre de la frontière indo-birmane 
où les populations sont identiques et ont les mêmes traditions. Des 
militaires indiens, forces du maintien de l'ordre patrouillent sur les 
routes et vérifient les voitures.
Première destination le village de Longwa situe à 40km de Mon, sur une 
ligne de crête à cheval sur la frontière indo-birmane. La maison du chef
 est situé sur la frontière . Le chef est jeune, 37 ans. Il nous reçoit 
entouré de "sa cour" quelques hommes qui comme lui passent leurs 
journées devant le feu alternant pipe d'opium, cigarette et tabac à 
priser. L'opium provient du Myanmar ou de l'Arunachal Pradesh voisin. Il
 se présente sous la forme de petits morceaux de gaze imbibés d'opium et
 séchés. Les petits morceaux de gaze sont déposés dans une cuillère avec
 un peu d'eau et la cuillère est placée au dessus du feu. L'opium 
redevenu liquide va servir à imprégner une herbe sans odeur. C'est cette
 herbe qui est brûlée dans la pipe. Les consommateurs alternent une 
goulée de fumée et avalent une gorgée de thé. Le thé est préparé dans un
 morceau de bambou vert d'environ 50cm de haut qui reste en permanence 
dans le feu. Un râteau de bandelettes de bambou obstrué l'orifice de 
sortie et sert de filtre. Ils rajoutent régulièrement de l'eau. Pour le 
tabac à priser ils ont aussi une technique mais qui n'est pas propre aux
 Nagas. Dans le creux de la main ils mettent un peu de chaux, 
puis du tabac qu'ils mélangent avec la chaux jusqu'à obtenir une 
boule qu'ils placent dans un coin de la bouche.
Le roi et sa cour ont les yeux injectés de sang, et ils ne feront sans 
doute pas de vieux jours à ce rythme là. Un vieil homme tatoué fait son 
apparition. Il s'agit du roi d'un village voisin situe au Myanmar. Il 
vient donner des conseils à son jeune voisin. La première chose qu'il 
fait c'est de sortir son attirail de consommateur d'opium.
Les tatouages des femmes sont plus difficiles à repérer. Ils se 
présentent comme des bracelets autour des bras et en dessous des genoux et des épaules,
 ainsi que sur les mains.
Notre balade dans le village nous conduit jusqu'à la maison occupée par 
les soldats birmans avec qui nous échangeons quelques mots. Il n'y a 
apparemment aucune tension entre les gouvernements des deux pays et donc les soldats sont 
tranquilles et souriants. Les habitants ont l'air de passer de part et 
d'autre de la frontière, qui n'est pas matérialisée, sans problème.
On visite quelques morungs, dortoirs pour les jeunes et lieux de réunion
 pour les habitants d'un quartier. Ils sont généralement décorés de 
sculptures. On y trouve aussi un tronc creusé et décoré qui sert de 
tambour.
Les maisons traditionnelles des Nagas Konyak sont grandes. Les murs de 
l'entrée sont décorés de crânes. La première pièce est à la fois le 
salon pour les réceptions et la pièce des hommes. Ensuite vient la 
grande cuisine réservée aux femmes. Les parties chambres sont séparées. 
La maison repose sur le sol en terre battue. La maison du chef est 
reconnaissable à ses décorations sur le toit.
Nous visitons ensuite le village voisin. Il s'agit de Tangnya. Le roi 
est aussi un jeune roi, le cousin du précédent dont les pratiques sont 
identiques au précédent. Rien de bien intéressant.
Les habitants préparent la fête  de hornbill. Elle dure du 1 au 6 avril.
 Dans chaque village le premier jour de la fête des animaux vont être 
tués et mangés, buffles, cochons. A partir du deuxième jour se déroulent
 des danses et des chants.
Dans ces villages les gros bambous verts sont utilisés pour le transport
 de l'eau et l'on rencontre plusieurs enfants qui en transportent dans 
leurs paniers sur le dos.
Mais ce sont surtout des femmes que l'on croise avec d'énormes paniers 
remplis de bois. Ils doivent en utiliser pas mal dans les foyers ouverts
 au milieu des grandes pièces à la fois pour cuisiner et pour se 
chauffer sans que ce soit sans doute très efficace.
Nous rentrons a l'hôtel et peu de temps après on entend de grands cris...pour fêter le retour de l'électricité.
Notre Hotel est modeste et l'entrée pas très engageante, mais les 
chambres sont propres et la cuisine bonne. Il s'agit de l'hôtel 
Paramount a Mon.